Rechercher dans ce blog

jeudi 5 janvier 2012

Des hausses plein le panier en 2012

(Québec) Arrivé à la caisse du supermarché, le consommateur sent son estomac se nouer. Combien de plus va lui coûter, cette semaine, le contenu de son panier d'épicerie?
Une angoisse légitime puisque, selon Statistique Canada, le prix des aliments achetés au magasin a bondi de 5,7 % au Canada et de 5,5 % au Québec de novembre 2010 à novembre 2011.

Des exemples plus croquants que d'autres? Le prix des oeufs a grimpé de 12,3 %. Celui du pain, de 11,9 %. Et que dire de celui de la farine qui a fait un bond de 17,3 %. Le consommateur a dû payer 6,7 % de plus pour se procurer des fruits frais et 13,2 % de plus pour des légumes. Une pomme de terre se vendait, en 2011, 20 % plus cher qu'en 2010 au pays. Quant à la viande, son prix a progressé de 6,2 %.

Des hausses qui s'expliquent principalement par l'accroissement des coûts de production, notamment ceux de l'énergie et des transports. En raison de la poussée inflationniste du prix des grains, des céréales et des protéines, il en a coûté aussi plus cher aux producteurs pour nourrir leurs animaux. «Depuis 2002, le prix des aliments achetés au magasin a augmenté de 28 %», a constaté Sylvain Charlebois, vice-doyen et professeur titulaire au College of Management and Economics de l'Université de Guelph, qui, depuis trois ans, publie ses prévisions sur le prix des aliments au Canada. Pour 2011, le Food Price Index estimait que l'augmentation des prix des denrées alimentaires vendues dans les magasins allait varier entre 5 % et 7 %. Puisque le professeur Charlebois et son collaborateur Francis Tapon ont visé dans le mille pour 2011, il vaut la peine de porter attention à leurs prévisions pour 2012. Surtout qu'ils annoncent de bonnes nouvelles pour les consommateurs qui bénéficieront d'un «léger répit» lorsqu'ils se présenteront à la caisse, leur panier lourdement chargé.
«L'augmentation générale du prix des aliments devrait être marginale et se situer entre 0 % et 2 %», avance M. Charlebois. Fait rassurant, l'Association des détaillants en alimentation du Québec (ADAQ) en arrive à la même conclusion.

Selon le Food Price Index, le prix de la viande et des produits de boulangerie, en 2012, ne devrait pas augmenter de plus de 3 %. Celui des fruits et des légumes se situera dans une fourchette variant entre 1 % et 3 %. Au Québec, comme vient de le décréter la Régie des marchés agricoles, le prix du lait bougera à peine en 2012. Quant à la majoration du prix des aliments vendus dans les restaurants, elle ne devrait pas excéder 2 % en 2012.
En 2011, le montant de la facture pour un bon repas au restaurant avait grimpé de 3 %. Pour la période entre 2002 et 2011, l'addition a grimpé de près de 30 %.
«Évidemment, l'avènement d'un tremblement de terre pourrait démolir d'un seul coup nos prévisions», signale M. Charlebois. «C'est écrit dans le ciel que le prix des oranges va augmenter s'il y a du gel en Floride cet hiver», renchérit Florent Gravel, PDG de l'ADAQ.
S'il est difficile de prévoir le comportement de Dame Nature et l'état de santé de l'économie mondiale, il y a d'autres facteurs qui laissent croire, selon Sylvain Charlebois, que les consommateurs, somme toute, ne s'en sortiront pas trop mal en 2012.
D'abord, la demande mondiale est à la baisse. Par conséquent, les prix des matières premières sur les marchés internationaux - à l'exception du maïs - n'ont pas connu de hausses marquantes au cours des derniers mois. Ensuite, la faiblesse du dollar américain favorise les importateurs canadiens de fruits et de légumes qui peuvent se procurer des produits à meilleur prix. Par contre, en raison de l'inflation qui fait son oeuvre en Chine et en Inde, par exemple, il pourrait en coûter plus cher pour importer au Canada des produits provenant des pays émergents.

Par ailleurs, Sylvain Charlebois estime que l'entrée en scène canadienne de Wal-Mart dans le monde de l'alimentation et l'arrivée prochaine de Target - qui compte déjà sur une légion de 30 000 membres au Canada même s'il est encore absent du paysage - contribueront à faire baisser le prix des aliments dans les magasins. Son avis n'est pas partagé par l'ADAQ et le Conseil de la transformation agroalimentaire et des produits de consommation (CTAC) qui estiment que le Québec est, de loin, la province canadienne où la compétition est la plus féroce dans le secteur alimentaire, et ce, au profit des consommateurs. Metro, Sobeys et Loblaw se font une lutte sans merci. Leurs marges de profit sont restreintes. «Chacun des gros joueurs cherche à démontrer que c'est chez lui que les prix sont les moins chers», explique la PDG du CTAC, Sylvie Cloutier, en affirmant qu'en raison de ce phénomène, «c'est au Québec que le coût des aliments est le moins élevé en Amérique du Nord».

Des hausses inévitables

Au-delà des prévisions à court terme des spécialistes, il y a des «tendances lourdes» dans l'industrie alimentaire qui montrent que le commun des mortels devra s'habituer à payer plus cher pour se nourrir, estime le responsable des communications de l'Union des consommateurs, Charles Tanguay.
«Le pétrole dont dépend très largement l'agriculture industrielle est en hausse constante. Les changements climatiques qui provoquent des inondations et des périodes de sécheresse perturbent la production. Avec le nombre grandissant de pays qui accèdent à des niveaux de vie plus élevés, la demande augmentera conséquemment. Et il ne faut pas oublier tous les spéculateurs qui se rabattent sur le commerce des aliments pour se refaire les poches», énumère M. Tanguay.

Selon lui, pour combattre la flambée du prix des aliments, il faut rapidement modifier les politiques agricoles pour réduire la dépendance aux exportations et pour redécouvrir une agriculture à plus petite échelle.

http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/affaires/agro-alimentaire/201112/29/01-4481706-des-hausses-plein-le-panier-en-2012.php

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire